Qu'est-ce que la Liturgie ?

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Qu'est-ce que la Liturgie ? la LITURGIE est l'œuvre que Dieu accomplit en son peuple et l'œuvre que le Peuple accomplit pour son Dieu. Cette définition montre bien le double mouvement de la liturgie : ascendant et descendant… Dieu vient à notre rencontre dans la liturgie que nous faisons monter vers lui. L'un (Dieu) et l'autre (nous) sont indissociables.

Qu'est-ce que la Liturgie ?

 

Du grec leitos  ("public") et  ergon ("service"), la LITURGIE est l'œuvre que Dieu accomplit en son peuple et l'œuvre que le Peuple accomplit pour son Dieu…

 

Cette définition montre bien le double mouvement de la liturgie : ascendant et descendant… Dieu vient à notre rencontre dans la liturgie que nous faisons monter vers lui. L'un (Dieu) et l'autre (nous) sont indissociables.

 

Souvent nous réduisons la liturgie à ce que nous en percevons (j'aime/je n'aime pas) sans connaitre le sens des gestes, et leur profondeur.
D'où cette tentative humble (difficile en quelques lignes d'approfondir le Mystère de la liturgie !) pour lancer des pistes de réflexion et approfondir, pour dépasser les seules "sensibilités" souvent très subjectives.

 

L'objectivité de la liturgie ne vient pas de nous, et heureusement, mais de l'Eglise et de l'Esprit-Saint, qui nous font entrer dans la prière et la relation à Dieu à travers les gestes et attitudes de la célébration.

 

Nous aborderons donc dans cette rubrique les différentes étapes de la messe et les gestes associés à ces étapes, gardant toujours comme boussole la constitution Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II et le Missel de Paul VI promulgué en 1969 qui nous donne le rite de la messe telle que nous la connaissons depuis.

 

Ce qui ne nous empêchera pas de faire appel aux sources profondes de la liturgie qui n'a cessé, en 2000 ans, de se réformer et de mieux dire aux hommes la proximité de Dieu…

 

Père Amaury Cariot
Merci au Site Groupement de l'Hautil - Paroisses catholiques

 

Tout savoir sur la liturgie

La procession d'entrée : l'encens + La Croix + Les luminaires + Le diacre
Le Chant
L'autel
Le Signe de la Croix
Le Seigneur soit avec vous
Le rite pénitentiel : le "Je confesse à Dieu", ou "Confiteor" + Le Kyrie + L'Aspersion
La prière d'ouverture, ou "Collecte"
La liturgie de la Parole
L'homélie
Le credo : le Symbole des Apôtres+ le Credo de Nicée-Constantinople
La liturgie de l'offertoire
La procession des offrandes
L'offrande des fidèles (quête)
La prière de bénédiction
La procession 
L’offrande des fidèles (quête)
Le pain et le vin
La goutte d'eau dans le calice
La prière de bénédiction
La prière du prêtre à voix basse et le lavabo
La prière sur les offrandes
Le dialogue de la préface
La préface
Le Sanctus
Les prières eucharistiques n°1 + n°2 + n°3 + n°4
L'anamnèse
La doxologie ("Par Lui avec Lui et en Lui")
Les gestes et le corps dans la liturgie de la messe
Le Notre Père + "Délivre nous de tout mal"
L'invitation au geste de paix et le geste de paix
L'Agneau de Dieu
La fraction du pain et l'immixtion
La prière à voix basse pendant l'Agneau de Dieu
Heureux les invités ...
La communion
La prière après la communion
La bénédiction et l'envoi

La procession d'entrée

Dans la procession d'entrée, qui n'est pas sans rappeler l'entrée de Jésus à Jérusalem lors de la fête des Rameaux, ou la mise en marche du peuple hébreu lors de la sortie d'Egypte, c'est toute l'assemblée qui, à travers quelques uns de ses membres, fait son "entrée", se met en chemin. L'action de s'avancer, de l'extérieur vers l'intérieur, du narthex vers l'autel, marque cette volonté de se rassembler, et de se tourner ensemble vers le Seigneur.

Dans la procession, nous trouvons les servants de messe, avec en premier, celui qui porte l'encens. Viennent ensuite la Croix, puis les luminaires encadrant l'Evangile, porté par le diacre, suivi des prêtres et de celui qui préside la messe.

Revenons au cours des semaines qui viennent sur ces différents éléments.

L'encens : résine aromatique, qui dégage un parfum en se consumant, il symbolise, dans de nombreuses religions, la divinité, la prière, l'offrande. L'encens est très présent dans les rituels juifs de l'Ancien et du Nouveau Testament, (Ex, Lévitique, Luc, Apocalypse) ; le psaume 140 lui donne son sens : "Que ma prière devant toi s'élève comme un encens". Et les mages offrent à l'enfant de la crèche de l'encens. Il symbolise notre adoration et notre prière. Il signifie la "bonne odeur" de la sainteté, comme le Saint Chrême au jour du baptême.  "Tous les fidèles sont invités à répandre en tout lieu la bonne odeur du Christ" (2Corinthiens 2)

L'encens va être présenté devant tout ce qui représente Dieu : la Croix, l'autel, l'Evangile, les offrandes, le prêtre, les fidèles… Nous sommes le Temple de l'Esprit, et c'est notre assemblée qui par les mains du prêtre offre le sacrifice de louange ! Le jour des funérailles, le corps, appelé à la résurrection, est aussi encensé. C'est dire l'importance de toute notre personne !

La liturgie actuelle issue de Vatican II prévoit bien l'usage de l'encens, qui n'est pas résurgence d'un rite antique mais bien l'actualisation de notre sens de l'adoration et de la prière. En regardant l'encens s'élever, se consumer, je peux moi aussi me "consumer", m'élever, comme le dialogue de la Préface m'y invitera : "Elevons notre cœur / Nous le tournons vers le Seigneur".

- Une idée : lorsque le parfum de l'encens arrive jusqu'à moi, je peux me demander si je répands bien autour de moi la bonne odeur du Christ, comme m'y invite St Paul. Je peux aussi rendre grâce pour l' "être étonnant que je suis" (ps 138) et les merveilles que Dieu fait dans ma vie.

La Croix

A la suite du dernier billet, vous trouverez le très beau poème ci-dessous d'une paroissienne… N'hésitez pas vous aussi à réagir à cette rubrique et pourquoi pas à l'alimenter !

La semaine dernière, l'encens nous enveloppait de son mystérieux parfum…

Suivons l'ordre de la procession d'entrée de la messe : après l'encens, vient la Croix.

Pourquoi porter ainsi la Croix au début de la messe ?

La Croix reste le symbole majeur de l'acte de la Rédemption. Le Mystère pascal, (mort et résurrection) nous empêche de tomber dans une sorte de "dolorisme" qui nous figerait sur l'acte de la crucifixion. Mais par cet acte d'Amour absolu, Le Verbe fait chair nous rejoint dans notre humanité abimée, blessée. C'est toute la souffrance des hommes que porte Jésus sur la Croix. La mettre à l'honneur en entrant dans l'église, c'est nous permettre de "lever les yeux vers Celui qu'ils ont transpercé" (Jn 19, 37) et de nous préparer au rite pénitentiel qui lave nos péchés.

En regardant la Croix, je peux rendre grâce pour l'entrée du Christ au milieu de son peuple, et me tourner vers le Mystère de Pâques, pour ressusciter avec Lui !

 

- Une idée : en regardant la Croix, je peux présenter dans mon cœur les souffrances que je traverse ou que je côtoie. Un ami malade, une famille divisée, une situation difficile…

Les luminaires

Après la Croix et l'encens, voici les luminaires…

Les cierges, portés dans la procession, nous rappellent les cierges que nous allumons la nuit de Pâques : sur le parvis, où est allumé le feu nouveau, symbole de la lumière qui brille dans les ténèbres, nous allumons le Cierge Pascal, signe du Christ ressuscité. A ce cierge, chacun allume sa propre lumière.

Présente aussi pour clore le temps de la Nativité au jour de la Présentation de Jésus au Temple, la lumière, en ce temps de Noël ou au temps de Pâques nous place dans la perspective du Royaume, de la Lumière éternelle… "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande Lumière" nous rappelle Isaïe en cette nuit de Noël.

Les lumières portées au début de la messe, et qui encadrent l'autel, nous rappellent le "Soleil Levant", le Christ Lumière des Nations. Comme au baptême où le nouveau baptisé reçoit la lumière de Pâques ("Qu'illuminés par le Christ, vous avanciez dans la vie en Enfant de lumière") les lumières portées à la messe nous invitent à éclairer nos vies, nos existences.

Selon le degré de solennité (importance) de la messe, on ornera l'autel de deux ou quatre cierges. On allume aussi la lumière au cours du lucernaire (du latin lucerna, lampe) lors de l'office de vêpres le soir, reprenant ainsi le rituel juif de la veille du sabbat. C'est ainsi une invitation à veiller, à garder nos lampes allumées pour le Jour où le Seigneur viendra.

 

- Une idée : En voyant passer les cierges lors de la procession, je peux me demander : "suis-je lumière dans la vie des autres ? Comment le Christ illumine-t-il ma vie ?"

Le diacre

Dans la procession d'entrée, après les luminaires, arrive le diacre portant l'Evangile.

Le diacre, du grec diakonos, qui signifie serviteur, est un homme qui a reçu l'ordination. Le sacrement de l'ordre est composé de 3 degrés, diaconat, presbytérat et épiscopat. Tout prêtre est ainsi ordonné diacre avant de devenir prêtre. (comme Jean Baptiste à Sainte-Claire le 14 juin 2008).

Depuis le Concile Vatican II, l'Eglise a rétabli après de nombreux siècles le diaconat dit "permanent" (Louis-Bède Ombga dans notre paroisse).

Marié ou célibataire, le diacre permanent est collaborateur de l'évêque, au service de la charité de l'Eglise. Dans la liturgie, il fait la lecture de l'Evangile, peut assurer la prédication et assiste le prêtre à l'autel. Il fait l'invitation au geste de paix si celui-ci est prévu et renvoie l'assemblée en fin de messe en disant "Allez dans la paix du Christ".

Il célèbre aussi les mariages, baptêmes et funérailles et porte le viatique (communion) aux malades. Il rappelle ainsi à tous la mission de service et de charité du Christ dans son Eglise.

On reconnait liturgiquement le diacre à l'étole portée en sautoir sur l'épaule ou à la dalmatique, tunique à manches courtes, portée sur l'aube et l'étole.

Le diacre en vue du sacerdoce continue généralement son séminaire en passant une partie du temps en paroisse.

Le diacre permanent reçoit une mission de l'évêque auprès des plus pauvres, des aumôneries particulières (migrants, ethnies, prison, services diocésains) et une mission au sein de sa paroisse.

 

- Une idée : en voyant passer le diacre dans la procession, je peux me demander comment la charité rayonne dans ma vie chrétienne…

Le Chant

En même temps qu'entre la procession, l'assemblée chante. Le chant liturgique a toujours semble-t-il accompagné la célébration de l'eucharistie.

"Chanter c'est prier deux fois" disait Saint Augustin.

Le chant d'entrée va manifester le rassemblement, la joie de se retrouver et d'accueillir la présence de Dieu. Le chant des saints et des anges, comme nous le disons juste avant la préface, nous précède. Et c'est en communion avec l'Eglise de la terre et celle du Ciel que nous constituons notre assemblée. C'est le Christ qui nous rassemble, et notre chant veut être une réponse à cette convocation. Selon le temps liturgique et le type de messe, le chant prendra une connotation plus ou moins festive.

Longtemps, l'antienne d'ouverture de la messe a été chantée en grégorien. C'est encore le cas dans de nombreux monastères.

Aujourd'hui, la liturgie privilégie la participation de tous, et le chant d'entrée est un chant d'assemblée. La mélodie, la facilité à être repris par tous, le sens des paroles, le lien avec les textes du jour, sont autant d'éléments à prendre en compte au moment du choix des chants.

Plus l'assemblée chante, plus la prière se fait unanime et unie. Après le chant d'entrée, vient la salutation liturgique.

 

- Une idée : Au moment du chant, est-ce que je pense à ce chant des saints et des anges qui unissent leurs voix à la mienne ? Ai-je conscience que mon chant (même un peu faux !) est une prière ?

 

L'autel

Une fois la procession arrivée dans le chœur, le prêtre s'incline et vénère l'autel. L'autel (altus : élevé) symbolise le lieu de la jonction entre Dieu et les hommes. Haut lieu du sanctuaire, il nous rappelle la montagne, lieu de révélation de Dieu dans l'Ancien Testament.

Dans l'Ancienne Alliance, c'est sur cette pierre qu'est sacrifiée l'offrande. Pour nous aujourd'hui, l'autel symbolise le Christ, centre de notre assemblée.

Au cours de la consécration  (on se souvient de cette célébration en 1994 à Sainte Claire par Mgr Jordan !) on y insère des reliques de saints, on y fait l'onction avec le Saint Chrême, rappelant le Fils oint par l'Esprit Saint, on y brûle l'encens, rappelant le Christ s'offrant pour le Père en sacrifice, et on le revêt de nappes nous rappelant le repas eucharistique. 

L'autel appelle notre vénération par une inclinaison, (et une génuflexion si la réserve eucharistique est dans l'axe de l'autel). C'est bien le symbole du Christ au milieu de son peuple. Il est ainsi proscrit de déplacer un autel (il est censé être fixé) et d'y déposer autre chose que ce qui sert au sacrifice eucharistique. Notre connaissance à ce sujet peut éviter bien des mauvaises surprises, en cas de concerts notamment.

Notre attitude liturgique dit l'importance des signes mis à notre disposition. Nous prions aussi avec notre corps, et sous-estimons souvent l'importance des gestes, dans la mesure où ils ne restent que des vecteurs de notre attitude intérieure, bien sûr !

 

- Une idée : en m'inclinant devant l'autel, en faisant une génuflexion devant la Présence réelle, en trempant ma main dans le bénitier pour faire le signe de la croix, je me mets en présence de Dieu, je traduis dans mon corps ce qui se vit dans mon cœur. Comment  vis je ces gestes ? A quel respect m'invite ce lieu dans lequel j'entre ?
"Quelle joie quand on m'a dit nous irons dans la maison du Seigneur_!" Ps 121

Le Signe de la Croix

Après avoir vénéré l'autel, le prêtre l'encense (cf. "Coin de la liturgie" n°2) puis il gagne le siège de présidence. Il trace ensuite, avec toute l'assemblée, le signe de la Croix.

Signe antique, sans doute le plus ancien dans la liturgie chrétienne, la Croix est omniprésente dans nos liturgies. Elle nous rappelle l'offrande du Fils unique, le sacrifice ultime. Mais attention : notre vision chrétienne de la Croix s'incluse dans le Mystère Pascal de mort et résurrection, indissociables. En traçant sur nous la Croix, en contemplant la Croix, nous nous laissons toucher par ce réalisme de l'amour qui ne cesse de nous sauver.

La dimension trinitaire (Père, Fils et Esprit Saint) du signe de la Croix enveloppant notre corps redit notre foi : sur la Croix, c'est le Fils qui s'offre au Père, dans l'Esprit, et nous pouvons ainsi entrer dans l'intimité des Personnes divines et être sauvés.

Commencer ainsi la messe, avec un beau signe de Croix, sans affectation ni précipitation, c'est bien "entrer dans le Mystère de la Foi" : célébrer la joie de notre espérance chrétienne du Salut. Comme dans les autres gestes de la liturgie, notre corps est censé faire transparaitre notre cœur, sinon les gestes se vident de leur sens.

L' "Amen" conclusif de l'assemblée marque l'assentiment de tous : en hébreu, "Amân" signifie l'assentiment, la solidité, la stabilité, la pleine adhésion. En disant cet "Amen" haut et fort, je dis que je crois en ce Salut opéré dans le Mystère Pascal de mort et résurrection du Seigneur.

 

- Une idée : en traçant sur moi ce signe de la Croix, je résume en un geste et quelques mots la foi chrétienne. Foi trinitaire, offrande pour le Salut, Amour infini… Ce geste est un geste d'amour, que Dieu m'aide, au lever, au coucher, dans ma prière intime ou communautaire, à me revêtir de l'Amour infini de Dieu pour tous, dans toutes les dimensions de ma vie.

Le Seigneur soit avec vous

C'est par ces mots que commence la messe. Cette invitation du prêtre, attestée dès le III° siècle dans la liturgie, et la réponse des fidèles "et avec votre esprit", est révélatrice de ce qu'est la liturgie : Dieu se donne par l'intermédiaire de ses ministres, et à ce don, répond la foi du peuple.

En saluant ainsi l'assemblée, le ministre ordonné s'inscrit dans la tradition de l'Ancien Testament, qui, en Exode 3, 12 assure par l'intermédiaire de Moïse la présence de Dieu au milieu de son peuple : "Je serai avec toi".

En entendant cette phrase, c'est une parole forte que nous recevons : Dieu est avec nous, il fait en nous sa demeure, il nous anime, nous accompagne, nous choisit !

C'est aussi la parole par laquelle l'Ange Gabriel salue Marie (Lc1, 28). Le geste du prêtre, ouvrant largement les bras et les mains, manifeste le don de la présence de Dieu, qui enveloppe, embrasse toute l'assemblée dans un même mouvement d'unité et de communion.

La réponse, "Et avec votre esprit", est un acte de foi de l'assemblée dans la sacramentalité du ministre ordonné : c'est bien l'esprit de son ordination et  sa capacité à agir en personne du Christ qui est attestée par les fidèles. C'est la grâce reçue au moment du sacrement de l'ordre qui permet au prêtre de mettre les autres en communication avec Dieu.

 

- Une idée : En entendant cette invitation, c'est bien plus qu'un "bonjour" qui m'est adressé. Dieu fait en moi sa demeure. Quelle action de grâce !! Ma réponse ne peut venir du bout des lèvres. Est-ce que je reçois cette communion de Dieu transmise par le prêtre, ce qui me permet d'ailleurs de dépasser la simple  personne du prêtre pour y voir, dans la foi, celui que Dieu m'envoie pour me mettre en relation…

Le rite pénitentiel

Au tout début de l'eucharistie, "action de grâce", nous nous tournons vers le Père, pour lui présenter nos demandes de pardon.

"Préparons-nous à la célébration de l'Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pêcheurs" dit le prêtre : toute Alliance, toute rencontre nécessite la purification du cœur.

Les rituels d'ablution chez les Juifs, et dans l'Ancien Testament disent l'importance de se présenter "net et sans reproche" devant Dieu.

Cependant, il y plus que cela dans la confession de la Miséricorde de Dieu : avant même de confesser notre péché, nous confessons (nous "disons") la tendresse et l'Amour de Dieu pour nous.

C'est capital de comprendre cela si nous ne voulons pas tomber dans un examen de conscience moralisateur ou scrupuleux. Dieu nous pardonne, et c'est la compréhension de cette joie du pardon, accomplie par le Christ dans le mystère Pascal (mort et résurrection) célébré en chaque messe, qui me pousse à demander pardon.

Trois formes liturgiques :
"Je confesse à Dieu" + Kyrie,
Formules litaniques, ou
"Seigneur accorde nous ton pardon"
existent, auxquelles s'ajoutent l'aspersion par l'eau, ou  par exemple, l'imposition des cendres au début du carême qui en ce cas remplacent l'acte pénitentiel..

 

- Une idée : Avant de venir, au cours de la semaine, ou en chemin, ai-je pris le temps de faire le point sur la semaine écoulée ? Quels pardons ai-je envie de faire monter vers Dieu ? Quel est mon état d'esprit au début de la messe ?

Le "Je confesse à Dieu", ou "Confiteor"

Très ancienne prière, attestée dès le XIième siècle dans les usages liturgiques, la forme et la place de cette prière ont varié au fil des siècles. Jusqu'en 1969, des noms de saints étaient cités, et elle était récitée  au bas de l'autel. La forme que nous connaissons aujourd'hui date de la réforme liturgique issue du Concile.

Parmi les différentes prières pénitentielles, le Confiteor nous situe devant Dieu, les anges, et les saints, et aussi, c'est son originalité, devant nos frères ! Cette spécificité a sans doute peu été soulignée, et rend cette prière assez unique. C'est en assemblée, en Eglise, que nous nous reconnaissons pêcheurs et sauvés. J'ai à rendre compte de ma faute, non seulement à Dieu, mais aussi à mes frères. C'est ensemble que nous disons avoir besoin du pardon, même si le "je" engage, responsabilise. Notre responsabilité est en effet engagée "en pensée, en parole, par action et par omission"… Vaste responsabilité ! Notre péché vient de nos actes, mais aussi de nos "actes manqués" ! En se frappant la poitrine ou plus exactement le cœur, au cours de cette prière, le chrétien s'inscrit dans un usage issu de l'évangile : le cœur (regardé à l'époque des Evangélistes comme le siège du péché), était l'expression d'un profond et vrai repentir. Il y a là un geste de désignation. En se frappant la poitrine, le pécheur se met en cause. Il se désigne lui-même, reconnaît sa responsabilité et il désigne son cœur comme source même du péché, selon ce qu'a enseigné Jésus : "Ce qui sort de la bouche procède du cœur, et c'est cela qui rend l'homme impur; du cœur, en effet, procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations..."(Mt 15,18-19).

Cette ancienne prière, à méditer, à relire, nous invite à déposer au pied de l'autel notre péché, et à avancer ensemble vers la Table du Seigneur.


- Une idée : En récitant cette prière, ais-je conscience que mes voisins disent les mêmes mots ? Chaque histoire, chaque cœur est unique, mais nous sommes solidaires dans la prière et dans la grâce !

Le Kyrie

Kyrie Eleison en grec signifie "Seigneur prends pitié". C'est une acclamation issue de l'Ancien Testament, du livre des psaumes. (ps 4, 2 ; 9,14 etc..)

On la trouve dès le 4° siècle dans la liturgie chrétienne, et l'usage se répand de lui ajouter "Christe Eleison", (Christ prends pitié) dès le 6° siècle.

En réponse au "Je confesse à Dieu" ou pris seul, il peut aussi s'intercaler entre les rites pénitentiels litaniques, incluant une intention qui oriente la demande de pardon. Dans ce cas c'est une forme développée du Kyrie, qui remplace alors le "Je confesse à Dieu". La liturgie dite "de Gouze" a mis en valeur cette forme de demande de pardon.

Issu du mot "kyrie", le "kyriale" ou "ordinaire de la messe" désigne l'ensemble des chants habituels de la liturgie: kyrie, gloria, sanctus, agnus… Qui, de manière heureuse, forment souvent un ensemble mélodique, en grégorien ou en français. (on dit ainsi "kyriale de la messe des Anges", ou "messe de l'Emmanuel", "messe du peuple de Dieu" etc… )

 

- Une idée : Chanter le Kyrie, ou « Seigneur prends pitié » inclut une structure trinitaire. (on le chante toujours trois fois) Ai-je conscience au moment de ma demande de pardon, d'entrer dans un mouvement trinitaire ? Le Père, le Fils et l'Esprit s'invitent ainsi au cœur de ma vie, pour y mettre la vérité et la joie du pardon.

L'Aspersion

Très pratiquée pendant le Temps Pascal, le rite de l'Aspersion est célébré originellement après les baptêmes lors de la vigile Pascale. Avec l'eau baptismale, le prêtre asperge les fidèles, qui font alors le signe de la croix. La prière de bénédiction de l'eau (ou d'action de grâce en temps pascal) permet de méditer sur la bonté de Dieu et les sources de notre baptême. Ce rite très ancien mérite d'être déployé à nouveau, il a une forte consonance baptismale, ce qui nous met au cœur de notre foi. Il nous rappelle également, puisqu'il tient lieu de rite pénitentiel, que le baptême nous lave du péché. Il nous rappelle aussi le fort enracinement des rites d'ablutions dans les rituels juifs, dans lesquels la liturgie puise très souvent.

En parcourant l'assemblée, c'est le prêtre au milieu du Peuple de Dieu qui manifeste la présence du Seigneur au milieu de son Peuple. Emprunt de joie et finalement peu habituel, le rite de l'Aspersion permet d'entrer d'une autre manière dans la liturgie eucharistique, nous souvenant alors de la Vigile Pascale et des baptisés de Pâques. Le chant qui accompagne ce geste est le « Vidi Aquam » ou « J'ai vu l'eau vive ». Tout autre chant faisant mémoire de l'eau baptismale est également approprié. En général, on veillera à ce que ce chant soit joyeux et que tous puissent le chanter.


- Une idée : En recevant l'eau, je peux rendre grâce pour mon baptême, et demander à correspondre à ce baptême dans ma vie quotidienne. L'eau lave, purifie, vivifie… Autant de lieux dans mon existence à laver, vivifier, purifier…

La prière d'ouverture, ou "Collecte"

Trois oraisons (prières) jalonnent la messe : la Collecte, la prière avant la préface et la prière après la communion.

La collecte tient son nom du côté "rassembleur" de cette prière : nous sommes au début de la messe, nous nous rassemblons, nous mettons ensemble nos demandes. Le rôle du prêtre est de présenter à Dieu, au nom de la communauté, la prière de tous. C'est pourquoi il est bon que le célébrant, après avoir dit ou chanté "Prions le Seigneur", laisse un temps de silence. Ce temps permet à chacun de présenter dans le secret de son cœur ses intentions. Il est important de bien écouter les paroles de cette prière, qui oriente, selon le temps liturgique, toute la liturgie. Elle est souvent constituée d'une invocation à Dieu, d'une demande proprement dite, d'une finalité exprimée, et d'une conclusion trinitaire. ( Par Jésus le Christ …)

L' "Amen" de l'assemblée ratifie la prière dite par le prêtre (sur le sens de l'Amen, voir le "Coin de la liturgie" sur le signe de la croix).

Comme chaque fois que nous disons "Amen", il convient de le chanter ou le dire à pleine voix, on ne "marmonne" pas notre assentiment à Dieu !

 

- Une idée : La prière de la collecte rassemble nos prières… Je ne suis pas seul à la messe. Je connais des visages, ou je n'en connais pas. Mais c'est tout un peuple qui se rassemble, par-delà les frontières-mêmes de cette église. Je m'unis, dans ce temps de prière, à l'Eglise toute entière qui célèbre son Seigneur, je « collecte » dans mon cœur la prière de la terre entière !

La liturgie de la Parole

Après nous être rassemblés, avoir demandé pardon, nous avons chanté la Gloire de Dieu. Vient le moment, après la collecte, où nous nous asseyons, pour écouter la Parole de Dieu.

La liturgie de la Parole est un des centres de la messe. Nous parlons de la "Table de la Parole" qui nous nourrit et de la "Table de l'Eucharistie", où sont offerts le Corps et le Sang du Seigneur.

Quatre textes vont se succéder (trois pour les messes de semaine) : la première lecture, issue de l'Ancien Testament (sauf en Temps Pascal), le Psaume, la seconde lecture, issue du Nouveau Testament, et enfin l'Evangile.

Cela peut sembler beaucoup pour des oreilles peu habituées, ou si nous ne prenons pas le temps de découvrir les textes avant la messe. Mais c'est un enrichissement réel, réalisé par la réforme de la liturgie en 1969, qui souhaitait mieux déployer la richesse de textes en insérant trois années (A, B et C) et diversifier les lectures.

Souvent, un lien est établi entre la première lecture et l'Evangile. La seconde lecture est issue des épîtres du Nouveau testament.

Cette écoute attentive va être éclairée par l'homélie, puis trouver son accomplissement dans la Profession de Foi (Credo) et la Prière Universelle.

 

- Une idée : Quels moyens sont en ma possession pour préparer les textes de la messe ? Suis-je « à l'écoute » ? Pourquoi ne pas prendre quelques notes pour alimenter ma semaine ?

L'homélie

Après avoir écouté les textes de la Parole de Dieu, les fidèles sont invités à entendre l'homélie. Le premier prédicateur dans un diocèse est l'évêque. Les prêtres, comme ses plus proches collaborateurs, participent à sa mission d'enseignement de l'Evangile. L'homélie n'est pas un temps de pause dans la liturgie, ou une " transition ". Elle n'est pas non plus le moment privilégié pour lire la feuille paroissiale, envoyer des sms ou continuer une grasse matinée interrompue trop tôt :

Le but de l'homélie, que l'Eglise prévoit dans les rituels chaque " dimanche et fête de précepte ", est d'expliquer ce que l'on vient d'entendre et de l'actualiser, c'est-à-dire de rendre concret l'enseignement du Christ : comment le vivre, que nous dit-il pour nous aujourd'hui ?

Ni médiation mystique, ni enseignement moral, ni commentaire de l'actualité, la prédication doit mettre en lumière quelques " pointes " de la Parole de Dieu.

Il est d'ailleurs intéressant de rappeler le sens étymologique du mot " homélie " : en grec, " homélia " signifie " conversation particulière en famille, en société ". Une bonne homélie n'excède pas 10 minutes, sauf cas particulier… Mais les bâillements et toussotements de l'assemblée sont pour les prêtres le meilleur indicateur temps !!

Enfin, sachez que pour une homélie, chaque prêtre a passé plusieurs heures dans le secret de sa chambre ou de la chapelle, pour prier les textes, souvent partager la Parole avec d'autres, puis enfin rédiger… Chacun avec son talent, son charisme, sa personnalité, essaie pourtant de s'effacer devant la Parole qu'il sert. Vos remarques, toujours constructives, nous aident grandement dans cet art délicat de l'homélie… Et nous en recevons pourtant très peu ! Alors n'hésitez pas !


- Une idée : Pendant l'homélie, ai-je un a priori "ouvert" à ce qui est dit ? Pourquoi ne pas avoir à portée de main un crayon pour noter une idée au passage ?

 

Le Credo


Une fois l’homélie achevée, un petit temps de silence ou de musique peut aider à méditer ce que nous venons d’entendre. Puis, aux messes dominicales et aux solennités, l’assemblée est invitée par le prêtre à se lever pour dire ou chanter la profession de foi, le Credo (du latin "je crois").

Deux professions de foi existent aux messes habituelles : le Symbole des Apôtres et le Credo de Nicée-Constantinople. A la vigile Pascale, la profession de foi se fait comme au jour du baptême, sous forme d’interrogations par le célébrant et de réponses ("oui je crois" ou "nous croyons") par l’assemblée.

Les deux textes du Credo sont comme le résumé, le condensé de la foi catholique. Ils sont le chemin de foi dont on ne peut ôter un article. C’est pour cette raison qu’on ne peut envisager dans le cadre de la liturgie, de modifier ou de remplacer ces textes par d’autres. Le Credo nous est transmis, de génération en génération. Il ne vient pas de nous, mais nous le faisons "nôtre". Au cœur de l’assemblée, c’est le "je" qui s’exprime  : JE crois. Mais c’est avec les autres que JE crois. C’est bien un acte de foi communautaire qui implique chacun. Il ne se marmonne pas, ne s’expédie pas non plus. Sa dimension trinitaire (Père, Fils et Esprit) se conclue dans la foi en l’Eglise qui nous mène au Salut (la résurrection, la vie éternelle).

Et l’ "Amen" final dit notre adhésion plein et entière à ce que nous venons de proclamer.

 

le Symbole des Apôtres

Pourquoi le « symbole » ? Un symbole de foi correspond à la synthèse de la foi du croyant et de son engagement personnel dans son alliance avec Dieu.

Ce Credo est le plus vénérable des symboles chrétiens, à la fois le plus récent - sa forme définitive remonte au VIIème siècle - et le plus ancien - des formules similaires sont citées par St Irénée (fin IIème) et St Hippolyte de Rome (début IIIème siècle), en relation avec la profession de foi du baptême.

Il est traditionnellement attribué aux douze Apôtres qui l'auraient reçu de l'Esprit-Saint au moment de se disperser. En effet, son titre et son contenu suggèrent qu'il fut écrit dans les premiers temps de l'Église : le texte de I Corinthiens, 15,3 pourrait en être une ébauche.

On trouve le texte définitif du symbole des apôtres pour la première fois dans le "Missale Gallicanum Vetus", missel décrivant le rite chrétien en Gaule. Il est inclus dans un sermon prononcé par Césaire d'Arles avant 543.

Reçu par toutes les Églises occidentales, catholiques et protestantes (les Eglises orthodoxes ne reconnaissent que le symbole de Nicée), ce symbole se présente comme un abrégé de la foi enseignée par les apôtres. Il est clairement trinitaire, et l'unité de la foi y est exposée. Tout ce qui est dit dans ce Credo résume, récapitule la foi des chrétiens

 

Le Credo de Nicée-Constantinople

En 325,à Nicée près de Constantinople, l'empereur Constantin réunit le premier concile . Le texte rédigé à cette occasion précisait l'un des nombreux symboles existant à cette époque afin de mettre fin aux débats relatifs à la divinité du Christ. En effet il s’agit alors de répondre à l’hérésie arienne affirmant que le Fils est une créature du Père auquel il est subordonné.

En 381, à Constantinople, lors du second concile, un nouveau symbole fut adopté qui complétait le précédent au niveau de la doctrine trinitaire.

Le Credo ou Symbole de Nicée-Constantinople résulte de la fusion de ces deux textes.

Les conciles ultérieurs d'Éphèse (431) et de Chalcédoine (451) interdiront de composer une autre profession de foi

L’ajout du "filioque" (Il procède du Père et du Fils) lors du IIIème concile de Tolède en 589, utilisé en Occident mais généralisé par le pape Benoit VII en 1014 fut une des causes de la rupture entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident en 1054.

Pour marquer l’événement de l’incarnation, tous peuvent s’incliner à la phrase "et s’est fait homme". Plusieurs fêtes invitent même à s’agenouiller et marquer un temps de silence (Noël, Annonciation…)

Il est d’usage d’employer ce Credo aux grandes fêtes. On utilise aussi à la Vigile Pascale le Credo baptismal, dialogué entre le prêtre et l’assemblée qui répond "Je Crois" ou "Nous croyons".

Il n’est pas possible, dans la liturgie catholique ou orthodoxe, d’utiliser d’autres formes de Credo pour la proclamation de la foi, même si ce fut en usage en quelques lieux après le Concile. C’est en effet important de pouvoir dire la même foi au même moment en communion avec toutes les Eglises de par le monde.

 

- Une idée : Le "JE " du Credo m’engage. Ai-je déjà pris le temps de relire ce texte à tête reposée ? De me former sur ce texte riche qui résume la foi ?

Ai je conscience en prononçant ces mots du Symbole des Apôtres de remonter à la Tradition multiséculaire de l'Eglise ? Ces mots ne sont pas de moi, je les reçois pour les faire miens. Mais je les dis avec d'autres, et l'unité de la foi est une force phénoménale pour soutenir ma propre foi…

C’est toute l’histoire de l’Eglise et de la foi qui se résume dans le Credo de Nicée-Constantinople. Par cette prière, qu’elle soit dite, chantée, en grégorien ou en français, ce sont les mots de l’Eglise que je suis invité à proclamer avec assurance. Pourquoi ne pas le proclamer lentement, sans "courir", et pourquoi ne pas réfléchir dans la semaine à un passage du Credo en particulier ?

La liturgie de l'offertoire


Sitôt la Prière Universelle achevée, tous s'assoient, et commence la liturgie de l'offertoire ou "Présentation des dons".

Le Pain et le vin portés en procession vont être "offerts" à Dieu pour devenir Corps et Sang du Seigneur au cours de la prière eucharistique.

Nous distinguerons plusieurs moments de cette liturgie :

La procession des offrandes

L'offrande des fidèles (quête)

La prière de bénédiction

La procession :

Il est important de noter que, jusqu'à ce moment, l'autel est juste nappé et orné de la croix et des cierges. C'est seulement après la procession que l'on peut y déposer les "vases sacrés" (ciboires et calices).

Les fidèles, qu'ils soient servants de messe ou membres de l'assemblée, remontent la nef pour présenter au diacre ou au prêtre le pain et le vin. Cette procession symbolise l'offrande de toute l'assemblée, présentée au prêtre pour qu'il l'offre à Dieu en son nom. C'est aussi le symbole que c'est aussi l'assemblée, chacun de nous, avec nos joies et nos peines qui est offerte. Dans certains pays ou à certaines fêtes, il est aussi de coutume d'apporter en plus du pain et du vin des produits courants de l'agriculture. (Raisin, ananas, on a même vu à certaines messes papales des animaux vivants !)

Cette coutume rappelle qu'autrefois, c'était aussi le moment où la communauté déposait au pied de l'autel des aliments pour les prêtres ! Cette participation à la vie de l'Eglise est représentée aujourd'hui par la quête, moins poétique que les pommes de terre ou les choux, mais plus efficace !

 

- Une idée : Lorsque le pain et le vin remontent la nef en procession, c'es aussi ma vie, "le fruit de mon travail" qui est porté vers l'autel. La "table" va être mise pour le banquet eucharistique… J'habille aussi mon cœur, je le revêt des ornements de fête pour m'offrir à Dieu avec les offrandes.

L’offrande des fidèles (quête)

En même temps que se déroule la liturgie de l’offertoire, la quête est faite parmi les fidèles, puis apportée au pied de l’autel. Comme nous le disions la semaine dernière, il n’est pas rare, selon les régions ou cultures, que cette offrande se fasse de manière concrète, par l’apport de produits frais, de fruits… Selon les époques ou les lieux, ces offrandes servaient au clergé ou au soin des plus pauvres.

On imagine mal de nos jours les fidèles déposant au pied de l’autel des sacs "Auchan" ou "Lidl", ou encore des poulets vivants…

Quel est le but de cette quête ? La quête n’est pas pour le prêtre (il faut tordre le cou à cette idée !) mais est destinée à la paroisse, et représente environ 30 % du budget annuel. Au-delà d’une simple "aumône" c’est la participation régulière des chrétiens à la vie de l’Eglise locale (à distinguer du denier, affecté exclusivement au traitement des prêtres et laïcs en responsabilité ecclésiale). En donnant chaque dimanche, c’est votre "maison" et votre "famille" que vous faites vivre.

Plus spirituellement, ce moment particulier de l’offertoire associe l’offrande mystique (le pain et le vin) à l’offrande concrète (le fruit du travail des hommes).

On peut donc vivre ce moment comme un moment de partage concret et une prière d’action de grâce pour les dons reçus de Dieu.

 

- Une idée : Lorsque passe la panière de la quête, c’est aussi mon offrande, la qualité de ma participation que je dépose. Cette qualité n’est pas dans le montant de l’offrande, et heureusement, mais bien dans l’esprit avec lequel je dépose cette offrande. Pourquoi ne pas préparer dans la semaine cette somme, en lui donnant toute sa valeur : celle d’un cœur offert, et même si mon don est « modeste », il est sacré, puisqu’offert avec amour…

Le pain et le vin

Dans la procession des offrandes, on apporte à l'autel le pain et le vin qui deviendront Corps et Sang du Seigneur.

L'Hostie (du latin hostia, victime) est ce petit morceau de pain azyme (sans levain) qui fut le pain utilisé par Jésus lors de la Cène, mettant ainsi en relief le caractère pascal de ce repas selon les traditions juives (Ex, 12 et 13)

Les chrétiens d'Orient ne sont pas spécifiquement attachés à cette tradition du pain sans levain pour les eucharisties.

Le Vin quant à lui doit être naturel et pur, et reprend toute la force de la symbolique biblique de la vigne. (Cf Isaïe, Jn 15 etc)

Eléments de base de l'alimentation, le pain et le vin renvoient aussi à cette dimension de travail des hommes que l'on cite dans l'offertoire. Comme le pain et le vin vont être offerts, le travail est offert aussi pour la gloire de Dieu.

Ces offrandes deviendront nourriture éternelle. Dieu ne va pas transformer leur goût ou leur apparence (les "espèces" du pain et du vin demeurent après la consécration), mais se rendre réellement présent…

Humilité de Dieu qui choisit de si faibles moyens pour révéler son Amour !

 

- Une idée : Aliments de base, le pain et le vin sont ceux choisis par Dieu pour dire aux hommes son amour. Je suis aussi invité à proclamer cet Amour, dans les choses les plus ordinaires et simples de ma vie. En même temps qu'arrivent le pain et le vin sur l'autel, je peux bénir le Seigneur pour ce que je suis et ce qu'Il transforme en moi.

La goutte d'eau dans le calice

Ce geste peut passer inaperçu dans la liturgie. Il est pourtant important. "Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l'Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité.", dit le prêtre ou le diacre à voix basse. Appelé aussi "immixtion" la portée de ce geste est symbolique : pourquoi cette eau dont il n'est pas fait mention dans les récits évangéliques ?

Cette adjonction d'eau, probable historiquement et dont Saint Justin fait déjà mention au IIème siècle, a surtout reçu une valeur symbolique. Elle rappelle le sacrifice du Christ qui, de son côté ouvert, laissa couler du sang et de l'eau (Jn 19,34). Pour les orientaux elle signifie les deux natures du Christ, l'eau de son humanité étant jointe au vin de sa divinité. Dans l'Eglise latine, elle exprime davantage l'union de l'Eglise au sacrifice du Christ.

La messe est en effet le sacrifice de toute l'Eglise et cette petite goutte d'eau dans le calice : c'est nous ! "Nous voyons que par l'eau c'est le peuple qu'il faut entendre, explique saint Cyprien (+ 257) et par le vin, le sang du Christ. Quand on mêle l'eau au vin dans le calice, c'est le peuple qui ne fait plus qu'un avec le Christ, c'est la foule des croyants qui se joint et s'associe à celui en qui elle croit. (...) Ainsi donc, quand on consacre le calice du Seigneur, on ne peut pas plus offrir l'eau toute seule que le vin tout seul ; si on n'offre que le vin, le sang du Christ se sépare de nous, s'il n'y a que de l'eau c'est le peuple qui se sépare du Christ."

C'est non seulement l'assemblée rassemblée qui est contenue dans cette eau, mais plus encore l'humanité toute entière. L'humanité comme absorbée dans la divinité du Christ.

- Une idée : Au moment où cette goutte est mélangée au vin, je peux rendre grâce pour ce sacrifice qui n'est pas extérieur à moi mais qui m'incorpore, m'inclue dans ce que le Christ a voulu. Et c'est non seulement moi mais ceux qui m'entourent qui sont « Un » avec le Christ. Occasion aussi de présenter à nouveau à Dieu cette humanité toute entière, avec ses espérances et ses souffrances ..

La prière de bénédiction

Au cours de la présentation des dons, le prêtre élève la patène contenant l'hostie et le calice contenant le vin et l'eau. Il s'agit bien d'un geste de présentation, et non la consécration accomplie pendant la prière eucharistique. La prière de bénédiction qui accompagne ce geste, dite à voix haute ou à voix basse, montre que nous sommes comblés par les dons que Dieu nous fait. Issue de la liturgie juive de bénédiction (berakôth), cette prière reprend les bénédictions des liturgies familiales lors de la Pâque ou du Sabbat.

Le pain et le vin, éléments indispensables, représentent le "travail des hommes". C'est tout notre labeur qui est ainsi représenté symboliquement lors de cette présentation des dons. Le "simple" pain est appelé à devenir le "pain de la vie" et le simple vin est appelé à devenir "vin du royaume éternel".

Comme notre vie, qui est appelée à devenir une "vivante offrande à la louange de sa gloire".

Cette prière de l'offertoire prépare nos corps à l'offrande du sacrifice eucharistique, assumée par Jésus.

Une idée : Au moment où la patène et le calice sont élevés, je peux offrir ma vie, mon travail, lieux où je suis appelé à découvrir la présence de Dieu

La prière du prêtre à voix basse et le lavabo


Aussitôt après avoir présenté le pain et le vin, le prêtre s'incline profondément et dit à voix basse « Humbles et pauvres, nous te supplions Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice en ce jour trouve grâce devant toi ».

Issue de l'Ancien Testament, dans le livre de Daniel, cette prière souligne l'indignité de celui qui célèbre mais aussi la grandeur de l'Amour de Dieu qui accueille le pêcheur, et l'inclination est un geste d'humilité.

Ce texte, comme quelques autres est dit à voix basse pour souligner la relation particulière à ce moment précis entre le célébrant et Dieu. Si une grande partie de la messe est dite à haute voix depuis la réforme liturgique, cette dimension du silence sacré ne doit cependant pas être oubliée.

Sitôt cette prière achevée, le prêtre encense les offrandes (voir coin de la liturgie n°23) et l'assemblée puis il dit à voix basse toujours « lave-moi de mes fautes Seigneur, purifie-moi de mon péché ».

Issu du psaume 50, le Miserere, ce geste traduit le désir profond de purification avant l'offrande du sacrifice. S'il a aussi une dimension pratique après l'encensement, il veut surtout montrer qu'on ne peut approcher de l'autel qu'avec un cœur pur, et cela concerne aussi le prêtre !

Une idée : Au moment où s'incline le prêtre et où il se lave les mains, je peux, au moment où va commencer la prière eucharistique, adopter cette attitude intérieure d'humilité (qui n'est pas humiliation !) et de purification.

La prière sur les offrandes


Sitôt le geste du lavabo effectué, le prêtre introduit la prière sur les offrandes en disant : "Prions ensemble au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Eglise". Les fidèles répondent : "Pour la gloire de Dieu et le salut du monde".

Cette "transition" entre l'offertoire et la préface qui introduit la grande prière eucharistique permet un échange entre l'assemblée et le célébrant. Il est à noter que la traduction française du missel romain amoindrit grandement le texte latin originel : "Priez mes frères pour que mon sacrifice, qui est aussi votre sacrifice, soit agréé de Dieu le Père tout puissant", à quoi les fidèles répondent : "Que le Seigneur reçoive de vos mains le sacrifice, pour la louange et la gloire de son nom, pour notre utilité et pour celle de toute son Eglise".

Il est question de remettre à jour cette traduction qui souligne mieux l'échange et la dimension sacrificielle de l'eucharistie, ainsi que les chrétiens offrent l'eucharistie avec le prêtre. La traduction actuelle met cependant avantageusement en avant le "salut du monde", ce pourquoi est offert le sacrifice eucharistique.

La prière qui suit, souvent issue des plus anciens formulaires liturgiques, souligne l'échange qui va se réaliser : les dons reçus de Dieu sont appelés à rendre Dieu présent par l'action de l'esprit Saint.

Une idée : Pourquoi ne pas garder en tête le texte originel qui complète admirablement la version actuelle de ce dialogue entre le prêtre et les fidèles. Il s'agit bien d'une offrande de toute notre vie qui s'accomplit, mais la dimension de salut universel me permet de dépasser les frontières. Ce qui se vit là concerne le monde entier !

Le dialogue de la préface

Avant le chant de la préface, il y a un dialogue en trois phrases entre le célébrant et l'assemblée. Après la salutation liturgique habituelle ("Le Seigneur soit avec vous") le prêtre dit "Elevons notre cœur". Cet échange admirable est à lui seul un résumé saisissant de ce qu'est la messe et de ce qu'elle nous procure. Oui, en élevant notre cœur et en le tournant vers le Seigneur, nous Lui rendons grâce, et cela est juste et bon ! Ce dialogue inaugure la prière eucharistique et l'on retrouve sa trace au 3° siècle dans la "Tradition apostolique" de  Saint Hyppolite en 215. St Cyrille vers 350 commente cette invitation à l'élévation du cœur ainsi : "Alors on doit vraiment à ce moment avoir le cœur élevé vers Dieu et non pas en bas, du côté de la terre et de ses préoccupations terrestres… il faut alors abandonner tous les soucis de cette vie, tous les chagrins domestiques, pour tenir le cœur dirigé vers le Dieu du ciel qui aime les hommes".
La dernière acclamation est typique des liturgies juives de louange et de bénédiction.
Enfin, "rendre grâce", en grec, signifie bien "faire eucharistie". Ainsi c'est toute l'assemblée qui "fait eucharistie", chacun selon sa vocation propre. Il est important alors que commence la grande prière eucharistique de se rappeler que tous nous contribuons à l'offrande du sacrifice de la messe.

Une idée : Peut-être avons-nous été distraits par la quête, la procession des offrandes.. C'est le bon moment pour se ressaisir, pour correspondre à ce qui va se passer au cours de la prière eucharistique. C'est aussi le moment de se réjouir de la présence de chacun autour de nous. Prêtres, fidèles, tous ont leur place et chacun est précieux aux yeux de Dieu !

La préface

Inaugurant la prière eucharistique, la préface (du latin  praefatio : préambule) est encadrée par le dialogue (Cf. le "coin de la liturgie" 29) et le Sanctus. Toutes les préfaces sont bâties sur le même plan :

Reconnaissance de la louange au Père par le Christ Seigneur. (Toujours la même formule)

Le motif précis de l'action de grâce en lien avec la liturgie célébrée.

L'introduction au Sanctus, avec la mention des anges et des archanges. (Toujours la même formule)

Il existe actuellement plus de 80 préfaces dans le missel, qui toutes mettent un accent particulier sur un mystère de la foi. Préfaces liées aux prières eucharistiques, préfaces pour les temps liturgiques, pour les circonstances diverses (deuil, mariage, fête d'un saint etc…) : autant de textes à lire et méditer à tête reposée !

L'insistance de la louange au Père nous renvoie au centre de notre foi : tout vient du Père et tout va vers le Père.

L'accent donné à l'un des mystères de la foi nourrit notre célébration et lui donne son contenu théologique.

La mention des anges et des archanges et de toutes les "puissances d'en haut" nous rappelle que la liturgie fait le lien entre l'Eglise militante (nous) et l'Eglise triomphant (celle du Ciel).

Unité de temps qui permet de correspondre à l'Eternité de Dieu à l'œuvre dans nos vies.

- Une idée : Pourquoi ne pas étudier une fois par mois une des préfaces du missel ? En retenant la structure « Père, circonstance présente et Eglise du Ciel »… Ma vie en effet aspire à cet élan vers le Père qui me rejoint là où je suis en me donnant l'aide de celles et ceux qui m'ont précédé sur ce chemin de lumière

Le Sanctus

Après que nous sommes entrés dans la prière eucharistique par le chant de la Préface, vient le temps du Sanctus. Antique pièce liturgique qui, elle aussi, puise son inspiration dans la liturgie juive. Le "Trisagon" (trois fois saint en grec) se retrouve en Isaïe 6,3. C'est entre le IV° et le VI° siècle que se forme la structure que nous connaissons du Sanctus, complétée par la formule de l'acclamation des rameaux, rappelant l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. (Mt 21, 9, citant le psaume 117)

On ignore souvent qu'Hosanna signifie "Sauve donc !" en hébreu. Le Sanctus nous rappelle donc, comme dans la Préface, la toute puissance de Dieu qui règne sur l'univers, la gloire qui emplit le ciel et la terre, qui nous introduisent à la venue du sauveur : Jésus, Yeshuâ, "sauveur, libérateur".

Il est capital, comme pour tant d'autres pièces, de conserver les paroles exactes de cette prière : la triple acclamation du Sanctus, qui nous relie à la prière juive de l'attente et la prière d'acclamation issue de Matthieu et du psaume 117 sont des trésors dont nous ne saurions être privés.

La fin du Sanctus, chant de joie, nous amène à la gravité de la prière eucharistique, et prépare ainsi nos cœurs au centre de la liturgie : la venue du Sauveur.

- Une idée : "Sauve donc" chantons-nous quand nous disons Hosanna… Quel est le Salut que j'attends ? Le peuple d'Israël attend le Messie. C'est la profondeur de cette espérance qui nous conduit et nous permet de célébrer la Nouvelle Alliance. Notre Sauveur est là, présent au milieu de nous. Que le chant du Sanctus puisse nous aider à l'accueillir et le reconnaitre !

Les prières eucharistiques 

 

La prière eucharistique n°1

La prière eucharistique n°1 fait partie des quatre grandes prières eucharistiques utilisées habituellement depuis la réforme liturgique de 1969. D'autres (que nous n'aborderons pas ici) ont été ajoutées pour des circonstances diverses, comme des grands rassemblements ou des messes d'enfants.

La première, appelée aussi Canon Romain (du latin canonia, règle) vient de la décision des évêques dès les premiers siècles de codifier la prière des clercs pas toujours bien "inspirés" au cours de la messe. Utilisé dès le IV° siècle, du temps de Saint Ambroise en 397, mais sans doute aussi avant, il a été jusqu'en 1969 l'unique formulaire de prière eucharistique. Plus longue que les autres prières eucharistiques son accent porte sur la prière pour l'Eglise et sur la dimension du sacrifice de l'eucharistie. Elle s'identifie aussi par les deux listes de saints et saintes qui la composent, premiers papes martyrs ou premières femmes martyres des premiers siècles.

La prière eucharistique s'adresse au Père, mais une épiclèse (prière à l'Esprit Saint) est introduite dans les trois autres nouvelles prières eucharistiques. Il a été reproché au Canon Romain de ne pas comporter cette prière.

Qu'on se rassure : le Canon Romain a toujours comporté une prière d'épiclèse, même si l'Esprit Saint n'y est pas cité nommément. Avant le récit de l'institution figure cette demande adressée au Père :  "Sanctifie pleinement cette offrande par la puissance de ta bénédiction, rends-la parfaite et digne de toi : qu'elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ notre Seigneur."

Nous retrouvons ici exactement le vocabulaire de l'épiclèse : "Sanctifie cette offrande […] qu'elle devienne pour nous le corps et le sang." L' Esprit Saint est désigné par les mots : "la puissance de ta bénédiction". Quelle est cette puissance de bénédiction et de sanctification, qui sanctifie pleinement notre offrande, sinon l'Esprit, saint et sanctifiant ?

 

La prière eucharistique n°2

Introduite comme les deux autres prières eucharistiques lors de la réforme de la liturgie en 1969, elle tire son origine des plus anciens textes connus de la liturgie, au début III° siècle.

On l'attribue à St Hyppolyte, brillant prédicateur, mort martyr en 235. Issue de son œuvre la "Tradition Apostolique", écrite en grec, elle trouve sa place originelle dans la liturgie de l'ordination de l'évêque.

On y retrouve la structure expliquée pour la première prière eucharistique, mais en beaucoup plus condensé, avec une mention explicite de l'action de l'Esprit : "en répandant sur elle ton Esprit" et une belle formule : "toi qui est la source de toute sainteté", qui marque bien que le Père est à l'origine de notre sainteté.

Sa brièveté en fait sans doute une des prières eucharistiques les plus employées, surtout en semaine.  Il est pourtant dommage de la réduire à cela, tant sa force théologique est puissante.

 

La prière eucharistique n°3

Les deux premières prières eucharistiques sont issues de formulaires très anciens comme nous avons pu le voir.
Avec les prières eucharistiques n°3 et 4, nous avons une composition beaucoup plus récente, même si les textes empruntés sont bien sûr issus d'éléments anciens.
La structure trinitaire est respectée dans la troisième prière, qui ne comporte pas de préface propre (attitrée) et peut donc être utilisée en semaine et le dimanche.
Bien que plus courte, elle rappelle dans son langage le Canon romain, insistant sur la dimension du sacrifice eucharistique. Elle déploie en revanche plus explicitement le rôle de l'Esprit-Saint, avec cette belle expression soulignant que Lui-seul est capable de faire de nous "une éternelle offrande" à la gloire du Père. Enfin elle s'achève sur une universalité nous invitant à être vraiment unis au Père ("Ramène à toi Père très aimant tous tes enfants dispersés") : cette intimité du Père très aimant (en latin "miséricordieux"), n'est-ce pas le but de l'eucharistie ?
Cette prière est théologiquement parfaitement équilibrée et convient bien à la liturgie dominicale, ce qui explique son "succès" aux messes du dimanche !

- Une idée : Le Père nous invite à vivre avec lui une "intimité" emprunte de miséricorde… En ce temps de carême, je peux relire ma démarche de pénitent à travers cette intimité à laquelle Dieu m'appelle !

 

La prière eucharistique n°4

Egalement de composition récente (la réforme liturgique en 1969), la 4ème prière eucharistique  reprend les formules des anciens formulaires des premiers siècles, en développant cependant la théologie du "dessein de Dieu", c'est-à-dire de ce que Dieu établit avec son peuple dans l'Alliance nouvelle.

Elle fait corps avec une préface exclusive (ce qui empêche malheureusement son emploi le dimanche, puisque le Jour du Seigneur a des préfaces qui lui sont propres) qui développe le mystère de la Création. Ensuite c'est la rédemption qui est abordée, puis après la consécration l'action de grâce pour les dons de Dieu.

D'une certaine manière, cette prière eucharistique reprend aussi le déroulement du Credo, et le prolonge. En concluant par un rappel de la création, mais de la création actualisée et renouvelée par l'offrande du Fils.

Longue, peu connue, elle est en fait limitée aux jours de semaine du Temps Ordinaire. Il serait judicieux un jour de l'étendre plus largement aux autres temps liturgiques, tant sa poésie et sa profondeur théologique permettent une réelle méditation.

La conclusion de l'étude des quatre prières eucharistiques principales nous invite à découvrir la richesse de chacune. Le trésor de la liturgie nous invite à permettre aux fidèles d'entendre régulièrement ces quatre prières, et à cueillir dans chacune ce qu'elle nous révèle du Mystère célébré.

- Une idée : Après avoir abordé les quatre prières eucharistiques, quelle est celle qui retient mon attention ? Qu'ai-je découvert de particulier ?

L'anamnèse

Juste après la consécration et l'élévation du Corps et du Sang du Seigneur, intervient l'anamnèse. Du grec "souvenir", elle est une réponse à l'invitation du prêtre de faire mémoire tout simplement… du mystère du Salut ! Le rappel de la grandeur du Mystère, n'est pas une invitation au "magique" ou à l'incompréhensible : le Mystère (en grec : ce à quoi l'on est initié) est en fait le dévoilement progressif de ce que nous avons reçu en germe au moment du baptême. Et à cette exclamation du célébrant, l'assemblée répond par le condensé de la foi : Proclamation de la mort, célébration de la résurrection, attente de la venue dans la gloire (la "Parousie"). Dire cela à ce moment de la messe, c'est actualiser dans notre vie la réalité et l'espérance de notre foi. Et c'est ce que réalise l'eucharistie dans nos vies : une actualisation de la présence de Dieu, une participation à la résurrection et une visée "eschatologique" de notre foi, en tant qu'elle est toute tendue vers un "à-venir" qui se réalise dès notre présent.
Acueillir dans chacune ce qu'elle nous révèle du Mystère célébré.

- Une idée : L'eucharistie est cette actualisation du Mystère de la foi dans ma vie… Est-ce que j'attends le venue du Messie dans la gloire ? Qu'est-ce que cela éveille en moi ?

La doxologie

La prière eucharistique se termine par le "Par Lui avec Lui et en Lui", appelé la "doxologie" (du grec "doxa", gloire et "logos", parole). Très présente dans la liturgie, la doxologie - Parole de gloire -  revêt toujours un caractère trinitaire. ("Gloire au Père et au Fils et au St Esprit…")

Ce moment de la messe est sans doute le plus important : comme à la consécration, le prêtre élève le calice et la patène, pour bien montrer que le sacrifice de Jésus se reçoit du Père, se communique par l'Esprit, pour chacun de nous et pour toute l'Eglise.

Faisant partie intégrante de la prière eucharistique, cette prière est dite ou chantée par le prêtre seul, et l'Assemblée répond par un vibrant Amen qui vient attester la foi en ce Mystère Trinitaire.

On trouve des origines de cette doxologie dans les lettres de St Paul (Eph1, 3-5 ; Ro 16, 27), et la dimension trinitaire, reliée à l'élévation du corps et du sang, en fait non seulement un acte d'adoration mais aussi un acte d'offrande. Il y a bien un point culminant de la messe à ce moment-là. Il est important que cette élévation dure le temps de l'Amen final, surtout si celui-ci est déployé. Le prêtre et l'Assemblée, d'un seul cœur, font ainsi monter vers le Père l'offrande du Fils, portés par l'Esprit qui vivifie !

- Une idée : Cette dimension trinitaire de l'offrande eucharistique m'est-elle familière ? Ce n'est pas qu'une relation à Jésus qui s'offre sur la Croix et que je reçois en mon corps. C'est bien la Trinité qui m'entraine dans cette offrande et me permet de me tourner vers le Père.

Les gestes et le corps dans la liturgie de la messe

Parce que notre prière n'est pas que cérébrale et désincarnée, elle passe par le corps pour s'exprimer et exprimer l'attitude intérieure. N'oublions cependant pas que ce qui est vrai vient du cœur, et le corps ne peut être que le reflet de ce qui se vit à l'intérieur de nous-mêmes, au risque d'être dans le paraitre.

Trois attitudes marquent la position de celui qui prie au cours de la messe, assis, à genoux et debout :

Assis : c'est la posture de celui qui reçoit, qui écoute. Mais aussi de celui qui enseigne (les évêques ou le pape prêchent souvent assis.) Etre assis ne signifie pas être passif, et notre manière de s'asseoir à l'église, différente de celle de s'asseoir au cinéma, traduit notre attention et notre méditation.

Debout : position propre à l'homme, elle est celle de celui qui intercède, dans l'Ancien Testament et qui rencontre Dieu. Elle est aussi la posture de celui qui fait jaillir de son cœur la louange. C'est la position habituelle dans les liturgies orthodoxes, où les chaises et les bancs n'existent pas !

A genoux : attitude de l'adoration et du repentir, l'agenouillement marque en même temps la petitesse de l'homme mais aussi la tendresse de Dieu qui nous rejoint. Position de la prière de contemplation, l'agenouillement reste demandé par la liturgie après Vatican II au moment de la consécration (de l'imposition des mains - "sanctifie pleinement cette offrande" -  jusqu'à l'anamnèse). On se demande pourquoi dans nos églises en France ce geste a souvent disparu, contrairement à bien d'autres pays. Il est aussi prévu par la liturgie au cours de l'adoration eucharistique, pendant le Credo à Noël et à l'Annonciation, au cours des litanies des saints ou de la confession et toujours possible également au moment de la communion.


Une dernière attitude, rare cependant, est la prostration (être allongé face contre terre) : on retrouve ce geste lors des ordinations ou des professions religieuse mais aussi le vendredi Saint à l'office de la Passion. Geste d'humilité et de mise à disposition de l'appel de Dieu, il n'est pas sans rappeler aussi cette proximité de la terre dont nous sommes issus : "souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière".

- Une idée : Les gestes ne sont pas anodins, ils « disent » notre prière. Sans juger celui qui traduit par son corps la foi qui le traverse, nous pouvons vivre chacun, en harmonie, cette traversée de l'Esprit dans notre corps, nous souvenant que notre prière prend notre être tout entier.

Le Notre Père

Dans les évangiles, on trouve le texte du Notre Père chez Saint Luc et Saint Mathieu (Lc 11, 2-4 et Mt 6, 9-13). A la messe on le chante ou on le dit immédiatement après la doxologie concluant la prière eucharistique.
C'est bien dans ce mouvement trinitaire du « Par Lui, avec Lui et en Lui » que nous osons dire « Notre Père », d'un seul cœur.
La phrase d'introduction nous rappelle bien que nous tenons cette prière de Jésus Lui-même, et que c'est un commandement de prier ainsi. Le « Je «  du Credo se transforme en « Notre » : c'est bien ensemble, que nous prions le Père qui réunit dans l'unité ses enfants dispersés. (prière eucharistique III)

On trouve la trace certifiée du Notre Père dès le IVème siècle dans la liturgie, sans qu'il soit toujours cependant situé au même moment (dans certaines Eglises d'Orient on le situe après la fraction du Pain)

Les différentes de mandes du Notre Père, que l'on ne peut commenter ici, donnent cependant un beau chemin de méditation pour chaque jour. Les 7 demandes peuvent nous aider à nous situer vis-à-vis de Dieu, de nos frères et de nous-mêmes. (Sanctification du Nom de Dieu, pardon des fautes, résistance au Mal…) L'avant-dernière demande et sa traduction actuelle : « ne nous soumets pas à la tentation » continue de faire couler beaucoup d'encre : certains préfèrent dire « ne nous laisse pas succomber », l'idée d'e Dieu étant cause objective de la tentation étant difficile à admettre. Il faut cependant ne pas comprendre soumettre comme une puissance objective de Dieu dans le Mal, mais bien comme une demande d'éviter que Dieu permette le Mal dans nos vies. Littéralement il faudrait traduire « Ne nous introduis pas en tentation », ce qui est peu littéraire et pas tellement plus explicite. On peut aussi comprendre « tentation » comme « épreuve », ce qui permet peut-être de mieux comprendre.

Un « mur » de Paters en plus de 30 langues ornera bientôt notre oratoire à Ste Claire : les pèlerins en Terre Sainte ont rapporté ces petites reproductions du Carmel du Pater à Jérusalem, où sont écrits sur le mur, en céramique, les Notre Père dans toutes les langues et dialectes de la terre. Une belle façon de méditer cette prière qui nous ouvre à la dimension universelle du cœur de Dieu !

- Une idée : Cette prière, comme tant d'autres, peut devenir machinale, routinière. La dire ou la chanter avec l'assemblée le dimanche peut lui redonner sens. Quand je la dis chque jour, je peux repenser à ceux qui l'ont dite avec moi à la messe, et me sentir ainsi en communion, même au cœur de ma prière personnelle.

 

"Délivre nous de tout mal"

Cette prière qui suit immédiatement le Notre Père, appelée "l'embolisme" (du grec "embolismos", qui signifie "placer entre") parce qu'elle est intercalée entre deux autres, apparait dans le missel romain au VIème siècle. Elle prolonge en fait la dernière demande du Pater, comme pour l'expliciter et l'élargir. En même temps que la libération du Mal est demandée également la Paix. Il est très important de manifester cette paix, qui est la conséquence, le fruit de la réconciliation et de la miséricorde. Cependant, nous le savons, les épreuves jalonnent notre route et nous demandons à Dieu d'être "rassurés" ou "rendus forts", ce qui semblerait une meilleure traduction du latin, en vue de la Venue de Notre Seigneur. Cette finale de l'embolisme prend un ton eschatologique (= qui concerne les fins dernières) et qui donne son sens à la Paix que nous demandons : c'est bien en vue de l'éternité que nous désirons le bonheur promis, qui ne se limite évidemment pas à un bonheur immédiat et simplement terrestre. La doxologie qui conclue cette prière ("Car c'est à toi qu'appartiennent") est une formule très ancienne reprise dès le 1° siècle, et que l'on trouve dans les prières de bénédiction juives.

- Une idée : Libération du Mal, Paix, Miséricorde… ces mots semblent faire écho au Notre Père récité juste avant l'embolisme. Me concernent-ils ? Suis-je artisan de Paix, de réconciliation ? En disant ou en chantant cette prière à la messe, peut-être serait-il bon de penser à un geste de réconciliation ou de paix à poser dans la semaine qui vient.

L'invitation au geste de paix et le geste de paix


Un moment très "attendu" de la messe, le geste de Paix. Après la prière du Notre Père et l'appel de la Paix, quoi de plus logique que de la manifester entre nous ? Auparavant, le prêtre rappelle les paroles de Paix de Jésus : "Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.". Cette paix vient bien du Christ et non d'un vague sentiment ! Et c'est la foi de l'Eglise, plus forte que nos péchés, qui nous fait tendre vers la paix et l'unité. C'est bien cette paix, fruit du Mystère Pascal, que nous célébrons. (Col 1, 20). Pour bien manifester cette paix, le prêtre ajoute : "Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous". Ce "toujours" est un don précieux, que l'on peut accueillir en se reconnaissant pêcheur pardonné, aimé de Dieu ! Vient alors l'invitation à échanger la paix. (Mal traduite en français par "Donnez-vous la paix", qui est moins fort que le "Offerte vobis pacem", "Offrez-vous la paix")

La place de ce geste a varié au cours des siècles, et il a été le plus souvent placé après la prière universelle, mais on le trouve à Rome à sa place actuelle dès le IV° siècle. Remis en valeur après le Concile, il reste dans le missel "facultatif" même si il prend tout son sens lors de la messe dominicale. On peut regretter souvent le peu de portée de ce geste qui devient vite une simple poignée de main, voire un "bonjour, ah toi tu es là aussi ?". Il n'a pas pour but de faire traverser l'église à toute l'assemblée pour aller saluer une connaissance, mais bien d'échanger, avec son voisin immédiat, la Paix qui vient du Christ, et n'est pas un geste "mondain", comme on le voit parfois. Il faudrait retrouver le sens de ce geste, en le vivant dans une profonde joie dans la foi : cette paix offerte par le Christ, nous pouvons nous l'offrir mutuellement ! Quel cadeau !


- Une idée : Cette paix reçue du Christ est un trésor, un cadeau. En l'offrant à mon voisin, que je connais ou pas, c'est le signe de cette communion qui nous relie que je réalise. Et à travers ce voisin, c'est l'humanité entière qui est récipiendaire de cette paix offerte, transmise… Mon cœur est universel, parce que le Christ est universel. Ce geste de Paix peut m'aider à abolir certaines frontières, certaines exclusions, au cœur-même de l'eucharistie !

L'Agneau de Dieu


Immédiatement après s'être offert la paix, l'assistance entonne l'Agnus Dei, pendant que le prêtre rompt le pain et ajoute dans le calice une fraction de l'hostie consacré. (Nous reviendrons sur ce geste la semaine prochaine).

Habituellement, l'Agnus Dei est composé de trois invocations, la dernière se concluant par "Donne-nous la paix". Mais elle peut durer autant de temps que dure la fraction du pain, surtout lors de messes avec de nombreux concélébrants. Apparue dans la liturgie au VII° siècle, on retrouve la formulation identique dans le Gloria ("Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous") qui, lui, date du IV° siècle. L'Agneau, comme on le trouve dans l'Apocalypse, désigne Celui qui s'offre, innocent et pur. Il est aussi l'agneau de la Pâques, présent dans l'Ancien Testament (Deutéronome, Isaïe). C'est d'ailleurs ainsi que Jean-Baptiste désignera le Messie (Jn 1, 36). La thématique du "serviteur souffrant" d'Isaïe est ainsi reprise dans la Nouvelle Alliance.

On vient de consacrer le pain et le vin et on s'apprête à le recevoir. On s'adresse donc directement à Celui qui s'est offert, victime sans tâche, immolée pour nous libérer.

Et c'est bien parce que l'Agneau est pur et offert qu'il prend sur nous nos péchés. Le cri "Prends pitié de nous", déjà entonné lors du rite pénitentiel, est un acte de foi : Jésus offert et reçu en nourriture a le pouvoir de nous sauver. Il y a une dimension pénitentielle de l'Agnus Dei peut mise en valeur, et pourtant réelle ! Enfin, l'effet premier du Mystère Pascal étant le pardon, la réconciliation, c'est la paix que nous recevons et que nous demandons, comme nous venons de le célébrer dans le geste de paix et la prière de l'embolisme (Cf. coin de la liturgie n°40)

Selon les compositeurs, l'Agnus Dei peut être développé par des litanies intercalées entre les trois invocations, mais on veillera toujours à ce que la structure de cette prière soit respectée et que le texte des trois phrases soit repris. Il ne doit pas en outre prolonger le geste de la fraction du pain qui l'accompagne.


- Une idée : Jésus est l'Agneau immolé qui est offert pour réconcilier le monde avec son Père. Au moment où le geste de paix vient de s'accomplir, il prolonge aussi ce désir, cet appel à la paix. Je peux, tout en remettant mon cœur en Dieu, prolonger dans le chant de l'Agnus ce que je viens de vivre dans le geste de paix.

La fraction du pain et l'immixtion


En même temps que l'on chante l'Agneau de Dieu, deux actions discrètes s'accomplissent : le prêtre rompt l'hostie consacrée. Ce n'est pas lors du récit de la consécration que ce geste se fait, puisqu'il ne s'agit pas d' « imiter » le geste de Jésus à ce moment là, mais au moment où l'on va communier. Rappelons également que « la fraction du pain » désigne l'eucharistie dans son ensemble au temps des Apôtres (Cf. l'évangile d'Emmaüs).

Aussitôt, une petite parcelle de l'hostie est mise dans le calice tandis que le célébrant dit à voix basse « Que le corps et le sang de Jésus-Christ réunis dans cette coupe nourrissent en nous la vie éternelle ». On appelle ce rite « l'immixtion » (immiscere : «  mêler à »). C'est un rite très ancien manifestant l'unité du Corps et du Sang manifestés dans l'Eglise, en communion avec le pape et les évêques : en effet dans les premiers temps de l'Eglise, une parcelle d'hostie trempée dans le calice était envoyée aux paroisses par l'évêque lors de la messe qu'il présidait, en signe de communion. La phrase qui accompagne ce geste redit le but ultime de la messe : nourrir en nous la vie éternelle. C'est aujourd'hui, ici et maintenant que se bâtit et se vit cette vie éternelle.

 

- Une idée : En chantant l'Agneau de Dieu et en voyant ce geste de l'immixtion s'accomplir, je peux penser à cette unité, cette communion que réalisent le Corps et le Sang du Seigneur. C'est parce que la messe est célébrée « en communion » avec l'évêque, le pape, et les Eglises du monde entier qu'elle est « catholique ». Mystère de l'Unité, à bâtir chaque jour, en commençant par nos propres familles et communauté !

La prière à voix basse pendant l'Agneau de Dieu


Au moment où l'assemblée chante l'Agneau de Dieu ou juste après, le prêtre s'incline et avant de faire une génuflexion, prononce cette prière : "Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, selon la volonté du Père et avec la puissance du Saint Esprit, tu as donné, par ta mort, la vie au monde ; que ton corps et ton sang me délivrent de mes péchés et de tout mal; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi" ou "Seigneur Jésus Christ, que cette communion à ton corps et à ton sang n'entraîne pour moi ni jugement ni condamnation ; mais qu'elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison". 

Remarquez l'emploi du "je" : le prêtre, agissant en la personne du Christ à l'autel, s'implique pleinement dans ce qu'il célèbre. Il demande que les effets de cette communion soient sanctifiants.

Comment ne pas prononcer ces paroles sans trembler devant notre infinie faiblesse, tout en soulignant ce qui sera dit immédiatement après : "je ne suis pas digne… mais dis seulement une parole…". L'eucharistie, pain de la route, soutient notre faiblesse. Mais dans le même mouvement, nous devons rester "fidèles aux commandements".

Il est bon de se demander avant de communier si nous sommes en réelle communion, avec Dieu, les autres, l'Eglise. Et il peut parfois être préférable de s'abstenir de communier si notre état intérieur l'empêche, et poser le geste de la miséricorde et du pardon dans le sacrement de Pénitence et de réconciliation (confession).

C'est ce double mouvement, pain de la route et lieu de conversion, qui soutient notre vie chrétienne. Pour le prêtre, mais aussi pour les fidèles, en fait pour chaque baptisé!

- Une idée : En m'associant à cette prière à voix basse du prêtre, je me prépare à communier, ou à m'avancer pour recevoir la bénédiction si je ne peux ou ne veux communier. L'eucharistie, lieu de conversion, lieu de fidélité à Dieu, à mes frères, à l'Eglise… Oui, je ne suis certes pas digne. Mais une Parole, celle du Christ sauveur peut me guérir ! Quelle joie !

Heureux les invités ...


Tenant le corps du seigneur élevé, le prêtre dit "Heureux les invités au repas du Seigneur". L'assemblée répond, en se frappant la poitrine : "Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dit seulement une parole et je serai guéri".

Nous sommes à quelques instants de la communion. L'invitation du prêtre nous propulse dans une dimension eschatologique (qui concerne les fins dernières) : cette phrase est en effet issue de l'Apocalypse, ch 19 et de Luc, 1, lorsque Jean-Baptiste désigne le Messie. La traduction française (une fois de plus !) appauvrit la phrase latine originelle : Beati qui ad cenam agni vocati sunt : "appelés au festin des noces de l'Agneau".

Etre appelé au festin des noces de l'Agneau, c'est toute de même plus fort que d'être invité à un repas ! On peut espérer une correction un jour de ces innombrables appauvrissements dans les traductions françaises de la liturgie de la messe… Etre invité au festin des Noces, c'est nous rappeler que la communion, repas, sacrifice, mémorial, est un avant-goût, une anticipation de ce banquet qui nous rassemblera à la table du Père. Quelle Mystère nous accomplissons en communiant !

C'est à tous que cette invitation est faite : c'est pour cela que l'on dit "Heureux les invités", et non pas "heureux sommes-nous d'être invités"… C'est bien plus large que le "nous" de notre assemblée : l'humanité entière est invitée.

C'est parce que nous connaissons notre indignité, notre faiblesse, que l'assemblée répond cette phrase tirée de Mt, 8, lorsque le centurion s'adresse à Jésus pour la guérison de son fils. Ce n'est plus la guérison d'un autre que nous supplions, mais bien la notre, aujourd'hui ! La Parole du Seigneur sauve, le Seigneur sauve, et si petits que nous soyons, nous sommes bel est bien invités à ce festin, que nous communiions de désir ou physiquement….

- Une idée : Je ne suis pas digne… Ultime moment de contrition avant de communier. Ce n'est pas un « droit » que celui de communier, c'est un appel, une invitation… Je n'avance pas orgueilleusement mais plein d'humilité et donc de joie et de foi vers l'autel…Ais-je conscience de cette infinie grandeur de Dieu qui se fait si petit ? Il y a dans l'invitation du Christ une promesse de bonheur, une béatitude. Alors oui, que je communie ou pas, je suis touché par cette promesse de bonheur infini.

La communion

Dès que le prêtre a communié, il s'avance pour donner la communion aux fidèles. Il peut être aidé en cela par un diacre. Si l'assistance est trop nombreuse, l'Eglise depuis la réforme liturgique issue du Concile Vatican II permet à des laïcs d'aider le prêtre dans cette tâche. On les appelle les "ministres extraordinaires de la communion". Ils reçoivent du prêtre ou du diacre la communion et sont ensuite envoyés pour la porter à l'assemblée. Il s'agit toujours d'une délégation ponctuelle, même si elle est renouvelée chaque dimanche.

Depuis Saint Pie X, la communion fréquente s'est imposée peu à peu dans l'Eglise, qui conseille pour communier d'avoir régulièrement recours au sacrement du Pardon. On ne doit pas attendre d'être parfait pour communier, mais on doit aussi tendre à être en adéquation avec Celui que nous recevons !

La communion peut se donner de deux manières : sur la langue, ou dans les mains. Dans les deux cas, il convient de communier avec respect, le geste étant secondaire, dans la mesure où l'on sait ce qu'on fait… Si l'on communie dans la main, on fait un trône de ses deux mains et l'on communie sur place. On ne "prend pas" l'hostie. Il convient surtout que le "Amen" soit prononcé et audible.

Depuis quelques années on voit plusieurs gestes de vénération avant de recevoir la communion : ce peut être une inclination profonde, une génuflexion. On peut aussi recevoir la communion à genoux. Il convient d'être attentif à ce que nos gestes traduisent notre prière, et ne soient pas là pour revendiquer une appartenance à une sensibilité particulière, mais bien une attitude corporelle qui nous aide à vivre ce moment précieux. Il convient aussi de respecter la liberté de chacun, dans la mesure où l'Eglise le permet !

Certaines personnes, pour différentes raisons, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas communier. Elles peuvent alors s'avancer (et cela ne concerne pas que les enfants) en croisant les mains sur les épaules pour recevoir une bénédiction.

Une fois de retour à sa place, il est opportun de prendre un temps de recueillement, soit en silence soit en chantant, pour accueillir le don immense qui nous est fait !

La prière après la communion

Juste après avoir communié, il est bon de prendre un temps de recueillement, pour intérioriser le don reçu … Soit dans le silence, soit en chantant, l'action de grâce reste un moment personnel, intime, qui se vit avec mes frères et sœurs qui m'entourent. Après ce temps de prière, vient la dernière oraison de la messe : son contenu est souvent très riche, il convient de la relire ou de l'écouter attentivement. Sa structure ternaire se déploie le plus souvent  ainsi :

Merci à Dieu de ce qui vient de s'accomplir dans le sacrifice eucharistique et la communion reçue.

Demande faite à Dieu que cette communion porte des fruits jusqu'à l'éternité.

Actualisation de cette communion pour un élan missionnaire de chaque baptisé.

Les missels ou les revues qui reprennent les lectures et prières de la messe (Ephata, Prions en Eglise, Magnificat etc…) permettent souvent de revenir sur ces prières, ou de préparer la messe à venir. On ne peut que souhaiter leur usage ! Prendre le temps d'analyser et de méditer par exemple les prières de la messe (prière d'ouverture, sur les offrandes ou après la communion) ou les préfaces permet de nourrir sa vie chrétienne et d'accentuer tel ou tel mystère de la foi.

Sans parler bien sûr de la méditation de la Parole de Dieu…

La bénédiction et l'envoi

Sitôt la prière de postcommunion achevée et d'éventuelles annonces, le prêtre donne la bénédiction. La bénédiction, c'est "Dieu qui nous souhaite du bien" selon l'étymologie latine. Tout ce que nous venons de vivre, Dieu en effet le trouve bon, et permet que les fruits de la messe se réalisent en nous. La prière de bénédiction est très présente dans l'Ancien Testament, à la fin de l'acte liturgique au Temple. La dimension trinitaire de la bénédiction et du signe de croix nous remettent, en fin de messe, dans ce mouvement d'Amour infini, avant l'envoi. C'est donc bien un acte de "mouvement" que celui de la bénédiction, qui peut d'ailleurs être déployé par une bénédiction en 3 temps, ponctuée d'un triple "Amen" aux solennités et fêtes. Vient alors l'envoi : Ite missa est, la messe est dite. Le "Allez dans la paix du Christ" de la traduction française ne rend pas pleinement le sens de l'envoi : il faut bien comprendre que tout commence, c'est dehors, ailleurs qu'il faut maintenant vivre ce que nous avons reçu au cours de l'eucharistie. L' "ite missa est" nous plonge donc dans notre condition de baptisés : missionnaires, envoyés pour porter au monde les merveilles de Dieu. Il est important que le morceau de musique ou le chant qui accompagne l'envoi ne se prolonge pas au-delà de la procession de sortie : il est temps de "sortir", de témoigner, de vivre du Christ reçu en sa Parole et en son Corps livré.

 

Merci au Père Amaury Cariot

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